Pour rappel, Oxfam France fait partie de la confédération Oxfam International, qui est à l’origine, une organisation non gouvernementale (ONG) créée en Angleterre dans les années 1940 pour manifester leur désaccord vis-à-vis du blocus des Alliés contre l’occupation en Grèce (Oxford Committee for Famine Relief). L’association basée en France, a pour mission de lutter contre la pauvreté et de trouver des solutions durables pour mettre fin aux injustices qui l’engendrent. Le réchauffement de notre planète est à l’origine de nombreuses inégalités (ne serait-ce que pour l’accès à l’eau par exemple). C’est pourquoi l’Oxfam s’empare de la question environnementale.
Le rapport intitulé « Climat : Cac degrés de trop » (+40°C de trop) dresse un constat alarmant : la pente sur laquelle nous nous trouvons [comprendre la pollution issue de l’activité humaine] nous mène vers une multiplication de catastrophes naturelles (augmentation des feux de forêt, augmentation importante du niveau de la mer, inondations récurrentes, exposition à des vagues de chaleur accrue, etc). S’appuyant sur les données fournies par le cabinet Carbon4 Finance (prenant en compte les émissions actuelles des entreprises et leurs engagements stratégiques), l’Oxfam affirme que « le niveau d’émissions du Cac 40 nous conduit […] vers un réchauffement […] de l’ordre de +3,5°C d’ici 2100, une température bien au-delà de l’objectif de 1,5°C inscrite dans l’Accord de Paris ». Bien entendu, ce serait le cas s’ils n’opéreraient aucun changement dans leur comportement. Encore est-il qu’il faut amorcer de profonds changements, auquel cas, nous ne profiterions que d’un maigre répit avant la survenance de tels phénomènes.
Le rapport présente notamment une donnée qui pourrait en choquer plus d’un.
Pour 1 000 euros de chiffre d’affaires : les entreprises du Cac 40 rejettent deux fois plus de CO2 qu’un Français en un an
Oxfam France avance que, en moyenne, l’empreinte carbone des plus grandes entreprises françaises s’élèveraient à 4,1 tonnes de CO2eq (équivalent CO2, mesure métrique utilisée pour comparer les émissions de divers gaz à effet de serre sur la base de leur potentiel de réchauffement global) à chaque fois qu’elles réalisent 1 000 euros de chiffre d’affaires. Ainsi, lorsqu’elles réalisent ce montant, leur empreinte carbone correspond à peu près, à deux fois ce qu’un français émet par an. Cette donnée met non seulement en exergue la responsabilité de ces grandes entreprises françaises, mais également que leur action compromettent les efforts de chacun, au regard de leur volume d’activité.
De plus, l’association n’identifie que trois entreprises (sur 35 analysées), à savoir EDF, Schneider Electric et Legrand, qui auraient « une empreinte carbone et des engagements susceptibles de les faire rester dans une trajectoire compatible avec un réchauffement inférieur à +2°C ». En revanche, toutes les autres ont une empreinte carbone incompatible avec l’objectif de la COP21. Ainsi, dix entreprises dont trois banques « ont une trajectoire associée à un réchauffement […] supérieur à +4°C. Il est donc possible de constater que parmi les entreprises du Cac 40 analysées, la majorité ne mesure pas les conséquences que peuvent avoir leurs pratiques, néfastes pour tout un chacun, ainsi que sur leurs activités, car c’est aussi de cela dont il est question. A ce jour, ces grandes entreprises priorisent les intérêts du groupe au détriment des écosystèmes, c’est pourquoi il est nécessaire, à l’aide d’une réglementation plus contraignante, de permettre qu’une gestion à long terme où les intérêts de la planète et de la société ne soient pas dissociables, soit possible.
En conséquence, le rapport insiste sur le fait que les entreprises « ne relèveront pas le défi climatique sans un interventionnisme fort de l’État ».