La position du Conseil constitutionnel
Par une décision QPC n° 2019-823 du 31 janvier 2020, le Conseil constitutionnel a décidé que l’interdiction en 2022 de la production, du stockage et de la circulation de certains produits phytopharmaceutiques était conforme à la Constitution, dans la mesure où le législateur a assuré une conciliation qui n’est pas manifestement déséquilibrée entre la liberté d’entreprendre et les objectifs de valeur constitutionnelle de protection de l’environnement et de la santé. C’est la première fois que le Conseil constitutionnel se fonde sur le préambule de la Charte de l’environnement pour en déduire un objectif de valeur constitutionnelle de protection de l’environnement.
Pour la première fois, le Conseil se fonde sur le préambule de la Charte de l’environnement, qui dispose que « l’avenir et l’existence même de l’humanité sont indissociables de son milieu naturel … l’environnement est le patrimoine commun des êtres humains… la préservation de l’environnement doit être recherchée au même titre que les autres intérêts fondamentaux de la Nation … afin d’assurer un développement durable, les choix destinés à répondre aux besoins du présent ne doivent pas compromettre la capacité des générations futures et des autres peuples à satisfaire leurs propres besoins », pour en déduire que la protection de l’environnement, patrimoine commun des êtres humains, est un objectif de valeur constitutionnelle et non plus un simple objectif d’intérêt général.
Si le Conseil constitutionnel rappelle que la liberté d’entreprendre découle également du bloc de constitutionnalité (l’article 4 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789), il souligne également la nécessaire mise en balance que doit opérer le législateur, afin d’assurer la conciliation de cet deux objectif avec l’exercice de la liberté d’entreprendre.
Il estime qu’à ce titre « le législateur est fondé à tenir compte des effets que les activités exercées en France peuvent porter à l’environnement, à l’étranger ». Cette affirmation permet ainsi de faire le lien avec la notion de « patrimoine commun des êtres humains » qui figure dans le préambule de la Charte de l’environnement.
Le Conseil constitutionnel, en déclarant conforme à la Constitution l’interdiction législative de certains produits phytopharmaceutiques, a rendu une décision importante en matière de protection de l’environnement, en la qualifiant d’objectif à valeur constitutionnelle et en élargissant la portée de la Charte de l’environnement dans son ensemble.