Les résultats inquiétants de la première évaluation mondiale de la biodiversité
La plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), qui a pour mission de renforcer les échanges entre scientifiques et responsables politiques en matière de biodiversité, a publié le 5 mai, sa première évaluation mondiale de l’état de la biodiversité. Ce rapport a été élaboré par 145 experts issus de 50 pays, avec des contributions additionnelles de 310 experts. Ce rapport évalue les changements ayant eu lieu depuis les cinq dernières années et propose un éventail de scénarios possible pour les décennies à venir.
L’IPBES dans ce rapport insiste sur le déclin sans précédent de la nature et le taux d’extinction des espèces. Parmi les chiffres clés de ce rapport figurent :
- Plus de 40 % des espèces d’amphibiens, près de 33 % des récifs coralliens et plus d’un tiers de tous les mammifères marins sont menacés ;
- Au moins 680 espèces de vertébrés ont disparu depuis le 16ème siècle et plus de 9 % de toutes les races domestiquées de mammifères utilisées pour l’alimentation et l’agriculture avaient disparu en 2016, et 1 000 races de plus sont menacées ;
- Depuis 1980, les émissions de gaz à effet de serre ont été multipliées par deux, provoquant une augmentation des températures moyennes mondiales d’au moins 0,7 degré Celsius Or ce changement climatique a un impact sur les écosystèmes ;
Pour les auteurs de ce rapport, les cinq facteurs directs de ce changement sont par ordre décroissant : les changements d’usage des terres et de la mer, l’exploitation directe de certains organismes, le changement climatique, la pollution et les espèces exotiques et envahissantes.
Le rapport indique également que malgré les progrès réalisés pour conserver la nature et déployer des politiques en ce domaine, les trajectoires actuelles ne permettront pas d’atteindre les objectifs mondiaux visant à conserver et exploiter durablement la nature. Sans changement transformateur dans les domaines de l’économie, de la société de la politique et de la technologie, les objectifs fixés ne seront pas atteints. En effet, le rapport insiste sur d’autres données majeures dont :
- Les trois quarts de l’environnement terrestre et environ 66 % du milieu marin ont été significativement modifiés par l’action humaine ;
- Plus d’un tiers de la surface terrestre du monde et près de 75 % des ressources en eau douce sont maintenant destinées à l’agriculture ou à l’élevage ;
- La valeur de la production agricole a augmenté d’environ 300 % depuis 1970, la récolte de bois brut a augmenté de 45 % et environ 60 milliards de tonnes de ressources renouvelables et non renouvelables sont maintenant extraites chaque année dans le monde – quantité qui a presque doublé depuis 1980 ;
- La dégradation des sols a réduit de 23 % la productivité de l’ensemble de la surface terrestre mondiale ;
- Les zones urbaines ont plus que doublé depuis 1992.
- La pollution par les plastiques a été multipliée par dix depuis 1980 ;
L’ensemble de ces éléments, conduisent les auteurs a indiqué que la dégradation de la nature continuera jusque 2050 et au-delà, sans un profond changement. Afin d’aiguiller les politiques publiques plusieurs actions sont proposées en faveur du développement durable. Le document souligne l’importance d’adopter une gestion intégrée et des approches intersectorielles prenant en compte les compromis entre la production alimentaire et celle de l’énergie, les infrastructures, la gestion de l’eau douce et des zones côtières, ainsi que la conservation de la biodiversité.
En vue de créer une économie mondiale durable, l’évolution des systèmes financiers et économiques mondiaux a également été identifiée comme un élément primordial des futures politiques plus durables.
Ce rapport a été publié avant la réunion du G7 de l’environnement. Au regard du constat alarmant dressé par ce rapport, et conscient que seule une mobilisation internationale permettra d’inverser la tendance, les Etats se sont engagés par l’adoption de la Charte de Metz sur la biodiversité.